Association des Usagers de la Gare des Arcs-Draguignan
Débat Public 18 Novembre 2011
L’INTERMODALITÉ DES TRANSPORTS
EN GARE DES ARCS-DRAGUIGNAN
Le 18 novembre 2011, l’Association des Usagers de la Gare des Arcs-Draguignan a organisé un débat public sur « L’INTERMODALITÉ DES TRANSPORTS EN GARE DES ARCS-DRAGUIGNAN ».
Par leur présence plusieurs élus ont manifesté leur intérêt pour cette question : MM. Olivier Audibert-Troin, président de la CAD, premier adjoint au maire de Draguignan M. Piselli qu’il représentait, Vincent Morisse Maire de Sainte-Maxime, Alain Parlanti Maire des Arcs, Mme Carletti Maire de La Martre et conseillère générale du canton de Comps.
Se sont excusés : Le Sénateur du Var M. Pierre-Yves Collombat, le Député du Var M. Jean-Michel Couve ainsi que MM. Alemagna Maire de lorgues, Pianetti Maire de Vidauban et Conseiller général du canton du Luc, Serra Conseiller général du canton du Muy.
Le président de l’AUGAD, Michel Pourriol, a rappelé en introduction que la forte augmentation du nombre de voyageurs (600 000 voyageurs/an en 2005 et 700 000 en 2009) a entraîné une saturation des parkings, et que de ce fait la question de l’accès à la gare autrement qu’en voiture individuelle se trouve posée.
C’est M. Pascal FAUCHER, du cabinet EURECA, qui a ensuite présenté la question de l’intermodalité à l’aide d’un diaporama.
POURQUOI CETTE QUESTION EST-ELLE D’ACTUALITÉ ?
Parce que la mobilité a beaucoup augmenté et que le budget « transports » des ménages suit la même courbe ascendante ; parce que dans le même temps le prix des carburants ne cesse de grimper ; parce que les axes routiers sont à certaines heures proches de la saturation ; parce que les exigences de transports plus propres et écologiques sont de mieux en mieux prises en compte par les citoyens autant que par les responsables politiques.
Les collectivités se voient donc de plus en plus soumises à des demandes concernant les modes de transport collectifs. Or les territoires urbains sont de plus en plus étendus, mais il est difficile et très coûteux de mettre des bus partout. Il faut donc combiner les modes de transport individuels et collectifs, d’où la nécessité de constituer des pôles d’échanges multimodaux.
LA GARE DES ARCS-DRAGUIGNAN, PÔLE MULTIMODAL.
La gare des Arcs-Draguignan est l’un de ces pôles. Comment fonctionne-t-elle, par quels modes de transport est-elle desservie, comment est-elle aménagée pour répondre aux fonctions qu’implique l’intermodalité des modes de transports, peut-on améliorer ce fonctionnement et si oui, comment ? Voilà les questions qui ont été au centre de la réunion publique organisée par l’AUGAD.
L’exposé de M. Pascal Faucher fut très précis, appuyé sur des données chiffrées et des tableaux qu’il serait trop long de présenter ici. Donnons un seul exemple :
Le petit schéma suivant permet de définir les fonctions que doit théoriquement remplir un pôle multimodal de transports lorsqu’il s’organise autour d’une gare ferroviaire.
Exemples de fonctions :
-fonction d’accueil du voyageur
-informations
-vente de billets
-offre de transports en commun pour arriver à la gare et en repartir (bus ? ).
-parking de voitures, de vélos, de taxis ?
-accès piétons : quels aménagements ?
-fonction urbanistique et architecturale (intégration dans le tissu urbain), fonction paysagère.
-attente : abribus ? Salle d’attente des trains ? Attente sur les quais (équipements ? )
-services connexes (points propreté, téléphones, distributeurs de boissons et friandises, point presse, bar, informations touristiques ou sur la ville…) ?
-fonction socio-économique dans le quartier ou la ville.
L’énoncé théorique de ces fonctions permet de donner des critères pour répondre à la question centrale : comment fonctionne le pôle d’échanges multimodal qu’est la gare des Arcs-Draguignan et quelles améliorations peut-on lui apporter ?
Pour analyser le fonctionnement de cette gare, il faut d’abord en rappeler l’importance : seizième gare de la région PACA par sa fréquentation (plus de 700 000 voyageurs par an dont 200 000 prennent les TGV, selon la SNCF), une desserte en TER, TGV, TEOZ et LUNEA qualifiée d’importante par le conférencier, avec une caractéristique liée au fait que la gare des Arcs-Draguignan est la gare du Golfe de Saint-Tropez : la fréquentation a une forte marque saisonnière.
De l’état des lieux détaillé qui a été présenté, retenons quelques points :
La gare des Arcs-Draguignan est située à l’écart de la ville de Draguignan. C’est le Conseil Général avec le réseau Varlib et la CAD avec TEDBUS qui assurent l’essentiel de la desserte de la gare en transports collectifs. Leur implication financière est de ce fait très importante.
VARLIB organise les lignes de bus qui relient la gare au Haut-Var et au Golfe de Saint-Tropez ; la CAD gère -entre autres- la ligne 5 Draguignan/Les Arcs et la ligne 9 Draguignan/Trans/Le Muy/Les Arcs/Vidauban et retour.
C’est en examinant de près le tableau des correspondances horaires entre les différents trains et les bus qu’apparaissent les pistes les plus évidentes d’amélioration du fonctionnement de l’intermodalité en gare des Arcs/Draguignan.
En effet, ce tableau montre une difficulté à faire correspondre les horaires des bus et des trains. Par exemple la ligne 5 ne fonctionne pas comme une navette Draguignan-gare des Arcs, elle a une fonction de relation entre Draguignan, Trans et la ville des Arcs, puis une fonction de liaison avec la gare. C’est ce point qui peut être amélioré : faire correspondre l’arrivée des bus avec le départ des différents trains, sans un temps d’attente trop long pour les voyageurs ; faire correspondre l’arrivée des trains avec le départ des bus , ceci sans « creux » dans la journée. Cela inciterait très certainement un plus grand nombre de voyageurs à prendre le bus plutôt que leur voiture… car les bus sont insuffisamment fréquentés (malgré une nette augmentation du nombre de rotations journalières depuis deux ans).
D’autres suggestions sont faites pour mieux répondre aux besoins des voyageurs :
Pour les bus : meilleure information des voyageurs concernant les horaires et les lignes de bus, installation d’un abribus devant le Buffet de la Gare.
Pour les vélos : installation d’un garage à vélos.
Pour les trains : maintenir voire développer l’offre ferroviaire, notamment les grandes lignes ; améliorer les correspondances entre TER.
Améliorer la qualité urbaine du site (ce point a déjà progressé lors de la réalisation des parkings et des extérieurs de la gare ! ).
Améliorer la liaison entre Draguignan et sa gare.
LA LIAISON ENTRE DRAGUIGNAN ET LA GARE
Ce dernier point va être abordé par M. Robert CAIRE, président de l’ARLIFAD (Association pour la Réouverture de la Ligne Ferroviaire Les Arcs-Draguignan).
Il rappelle qu’une étude est en cours sur l’opportunité de raccorder Draguignan au réseau ferroviaire par transports collectifs. Financée par l’État, la Région, le Conseil Général, la CAD et RFF, elle en est à un stade où le Comité de Pilotage (COPIL) des financeurs va devoir choisir dans quelques semaines entre deux scénarios :
-une liaison par un Bus à Haut Niveau de Service (BHNS).
-une liaison ferroviaire, par un Train-Tram.
–Un BHNS est un bus (éventuellement électrique) qui circule en principe en site propre. Pour la liaison Draguignan-Les Arcs, il serait en site propre uniquement sur le tronçon de la Trouée Verte (Draguignan-Trans). Puis à Trans il reprendrait la route jusqu’à la gare des Arcs .
–Un train-tram est un tram (donc sur rails) dont les caractéristiques techniques (écartement des rails, type de matériel roulant) sont telles qu’il peut rejoindre le réseau ferroviaire classique et éventuellement s’y insérer. Ce qui permettrait théoriquement d’aller de Draguignan aux Arcs et au-delà vers Marseille et Nice sans rupture de charge.
L’ARLIFAD a fait le choix du ferroviaire parce que cela lui semble être un équipement pour le long terme anticipant sur le développement de la Dracénie ; plus coûteux qu’un BHNS, il éviterait la circulation routière et utiliserait l’ancienne voie ferrée sur tout son parcours. C’est un mode de transport écologique et un équipement durable.
Après ces différents exposés, c’est le temps du débat. Le président Michel Pourriol passe la parole aux différents élus présents dans la salle .
INTERVENTIONS DES ÉLUS.
M. Alain PARLANTI souligne que la présentation qui vient d’être faite permet une réflexion pour le futur. Il rappelle que la ville des Arcs a permis l’aménagement des parkings en mettant les terrains à disposition (valeur du foncier : 1 million d’euros ! ). Il n’est pas question de donner plus de terrains. Le parking P4 a été accordé provisoirement, or il est plein en permanence. Peut-être prend-on beaucoup la voiture parce que le parking est surveillé et gratuit ? Il faudra le rendre payant (2ème trimestre 2012). Et en laisser une partie aux Arcois (installations sportives à proximité).
Devant les protestations de quelques personnes dans la salle, il précise qu’il n’est pas question de pénaliser ceux qui prennent le train tous les jours pour aller travailler, mais de faire payer ceux qui restent plusieurs jours. Par ex. rendre payant en laissant gratuites les dix premières heures. Ce sera payant pour le parking longue durée. « Pour les gens qui vont travailler, ce sera toujours gratuit ! Mais pour ceux qui squattent, non ! »
M. Vincent MORISSE reprendra ce thème au cours du débat : après avoir tenu à affirmer son attachement à la gare des Arcs et après avoir rappelé que, si l’on veut en améliorer la desserte, il faut intégrer la population du Golfe au potentiel de voyageurs susceptibles d’utiliser cette gare, il dit : « Que vaut-il mieux : ne pas trouver de place gratuite, ou trouver une place payante ? »
((La salle protestera à nouveau : l’idée d’un stationnement payant semble assez mal comprise et mal acceptée. Il va falloir présenter un projet qui calme les inquiétudes de ceux qui utilisent les parkings pour le travail ! Mais peut-être aussi convaincre que la voiture individuelle n’est pas la seule solution pour se rendre à la gare… pour cela il faut des transports collectifs performants, condition nécessaire mais hélas pas suffisante.))
Sur la question des parkings, Mme CARLETTI ajoutera qu’il faudrait plus de parkings à Draguignan près de la gare routière pour que les voyageurs prennent le bus à Draguignan pour se rendre à la gare. Quelques applaudissements saluèrent sa proposition.
M. Olivier AUDIBERT-TROIN apportera son soutien aux maires des Arcs et de Sainte-Maxime sur la question des parkings. Il comprend qu’on vienne à la gare en voiture car la gare des Arcs dessert, outre Draguignan, des communes rurales, à habitat dispersé. Mais il faut une meilleure rotation des véhicules sur les parkings de la gare : certains parkings resteront gratuits, il y aura une franchise de plusieurs heures mais il y aura un paiement après cette durée gratuite.
Lors de son intervention, le président de la CAD -qui remercie d’abord le conférencier pour toutes ses explications- insiste sur un certain nombre de difficultés de financement des projets d’amélioration de l’intermodalité des transports en gare des Arcs-Draguignan. Par exemple :
1-Améliorer la qualité urbaine de la gare, la rendre plus accueillante :
La SNCF (chargée des gares) ne veut pas payer et veut confier le financement aux collectivités territoriales. Celles-ci ont déjà réalisé l’extérieur de la gare (Conseil général, Région, CAD, Les Arcs pour le foncier). À partir de 2012, 6,5M€ vont être engagés pour la rénovation des bâtiments et des quais : RFF ne prendra en charge que 33%, la CAD paiera le reste avec le Conseil général et le conseil régional. La SNCF et RFF ne sont pas corrects !
« Une fois que les quais seront rehaussés, nous réclamerons plus de TGV avec d’autant plus de vigueur que nous aurons payé ! »
2–Les vélos : plusieurs millions vont être investis dans les prochaines années pour installer une piste cyclable dans la CAD : elle reliera Vidauban, Taradeau, Les Arcs, (Les Bréguières), La Motte. Début des travaux en 2012.
3–La fréquence des bus : À partir de décembre 2011, il y aura 27 rotations par jour sur la ligne 5 au lieu de 22 actuellement. Cela coûtera 660 000€ par an. La ligne 9 aura 2 à 3 rotations supplémentaires par jour.
Sur les lignes de bus de la CAD, il y a eu entre 2010 et 2011 35% de passagers supplémentaires !
4-La halle fret sera réhabilitée, et comportera in fine trois alvéoles : Police Municipale des Arcs, Office du Tourisme, Location de voitures.
M. Audibert Troin termine son intervention en expliquant sa position sur la liaison Les Arcs-Draguignan :
Elle est inscrite au contrat de plan État/Région. Il y a deux écoles :
-celle qui voudrait le nec plus ultra : le rail. Ce serait bien mais la SNCF ne veut qu’un nombre restreint de rotations. De plus cela coûterait très cher et les travaux ne pourraient être effectués rapidement.
–celle qui veut de l’efficacité, et vite : le BHNS qui pourrait être électrique permettrait des navettes incessantes sur la Trouée Verte puis il récupérerait la route des Croisières à partir de Trans pour aller jusqu’à la gare. Les difficultés actuelles de circulation sont l’entrée et la sortie de Draguignan. Le gain de temps se ferait sur la Trouée Verte.
L’objectif : « Le plus efficient, le plus efficace. Ne pas attendre dix ou quinze ans. » Les problèmes financiers ne sont pas réglés pour un train : ouvrages d’art coûteux. La solution intermédiaire serait, avant la gare LGV, un BHNS sur la Trouée Verte. Cela n’obère pas l’avenir. C’est toujours réversible. Et cela permettrait d’avoir rapidement moins de voitures sur les routes : c’est là la priorité.
(Remarque de l’AUGAD : un train-tram permet des rotations fréquentes, et les trains-trams actuellement en service ne sont généralement pas gérés par la SNCF, sauf exception. Ce que dit M. Audibert-Troin est vrai pour un équipement TER, ce que ARLIFAD ne demande pas car il serait peu souple dans son utilisation).
Après l’intervention de M. Olivier Audibert-Troin, plusieurs personnes prennent la parole sur la question des nouveaux horaires de TER. Des difficultés apparaissent pour les correspondances aux Arcs car certains arrêts sont supprimés à partir du 11 décembre 2011. Michel Pourriol signale que la SNCF a nommé une médiatrice pour ces dysfonctionnements. L’AUGAD a transmis les remarques, demandes et protestations des usagers concernés. Elle attend la réponse.
Pour terminer, Olivier Robion (« spécialiste des horaires » de l’AUGAD), précise quels sont les nouveaux arrêts obtenus pour la gare des Arcs, aussi bien pour les TER, TGV et TEOZ. Globalement et malgré les quelques problèmes de correspondances signalés plus haut, la desserte de la gare des Arcs s’est améliorée. Et profitons de ce débat avec les élus et les usagers pour rappeler que pour 2012, la gare des Arcs verra plus de TGV s’arrêter :
-un TGV le soir venant de Paris,
-un TGV supplémentaire dans chaque sens pour Lyon Part-Dieu,
Ce qui permet, par le jeu des correspondances, de rejoindre plus facilement l’Est de la France et la Bretagne.
Il a fallu pour cela beaucoup d’efforts, et beaucoup de rencontres avec la SNCF. Espérons que cette dernière acceptera de corriger les erreurs de correspondances signalées par les usagers des TER qui ont besoin d’horaires adaptés pour aller travailler !